Je suis fumeur de pipe. Depuis belle lurette. Cela remonte au siècle dernier. Vingt ans, trente ans, plus ? N'en disons pas davantage. Fumeur de pipe modéré, mais fasciné.
A part quelques tiges à la sortie du lycée pour faire le dur auprès des copains qui m'en proposaient — et que je m'efforçais de consumer sans tousser — je n'ai jamais fumé la cigarette. En revanche, je crois pouvoir dire que la pipe m'a toujours attiré: en tant qu'objet généreux, par ses lignes simples ou tortueuses, ses veinages marqués, ses teintes contrastées et évolutives, par les gestes rituels qui l'accompagnent et la palette infinie des arômes révélés par les tabacs dont elle se nourrit.
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| Dans les bras de mon père: le début d'une longue histoire |
Un père qui fumait la pipe, souvent du Clan, un ami suédois qui rendait visite chaque hiver à mes parents, accompagné de quatre ou cinq bouffardes et de quelques blagues d'Hamilton Blandning, mon frère aîné addict à l'Amsterdamer puis au Dunhill, s'enfermant dans sa chambre pour fumer en écoutant les Doors sur un tourne-disque hurlant, un oncle qui me montrait son râtelier chiné aux puces, quelques pipes abandonnées dans un petit bureau chez ma grand-mère et une odeur persistante jugée déplaisante mais que j'adorais, comme on aime celle d'un grenier et de ses malles magiques. Tous ces petits bouts de rien, ces brins de souvenirs, ces confettis d'images, ont allumé en moi la flamme de la passion.
Ma collection se compose actuellement d'une soixantaine de modèles; mais faut-il parler de collection quand les objets ainsi possédés sont tous mis à contribution, alternativement, aléatoirement, pour accueillir divers mélanges, allant du plus pur et dur tabac brun au plus sucré des Black Cavendish, en passant par un anglais au goût fumé profond et un virginie doré ?
Quoi qu'il en soit, fumer tue: je suis prévenu. Vous aussi, qui me faites l'amitié de lire ce blog. Tout comme l'amour tue, le vin tue, la naissance tue, la vie tue. Quant à la mort, certains rabat-joie affirment qu'elle aussi, tue. Décidément, vous ne pourrez me reprocher de ne pas vous avoir alertés. D'ici là, bonne lecture de Pipe Gazette.
P.S. Le 10 juin 2016, la Confrérie des Maîtres-Pipiers de Saint-Claude m'a décerné le titre de "Premier fumeur de pipe 2016".
P.S. Le 10 juin 2016, la Confrérie des Maîtres-Pipiers de Saint-Claude m'a décerné le titre de "Premier fumeur de pipe 2016".
Nicolas (photo portrait: Fred Pierre-François)